Louise est une auditrice qui nous suit sur les réseaux sociaux depuis nos débuts.
Elle nous a fait l'honneur de prêter sa plume pour chroniquer notre deuxième EP "The wild scope",
alors on était obligé de partager son superbe retour avec vous !
« Scratchattic est un nom assez connu pour celles et ceux qui écument les soirées lilloises. Ce duo de trip-hop, hip-hop et scratch, nous propose aujourd’hui un deuxième EP. Après Gears in Motion, on découvre The Wild Scope.
Gears in Motion, c’était la route tranquille et les parties de cartes enfumées des arrières boutiques, les cuivres suaves et terre à terre, posés. La ville qui défile par la fenêtre. Avec The Wild Scope (littéralement, l’étendue sauvage, mais scope peut aussi se traduire par portée, cadre, dimension), on a moins l’impression d’entreprendre un voyage qu’une véritable aventure. J’ai d’abord écouté les six tracks, avant de m’attarder sur les indices laissées dans les différents titres et le design, histoire de ne pas me laisser trop influencer.
A l’écoute, la route est moins constante, la promenade moins terre à terre que sur le premier EP : c’est à l’intérieur de la tête que ça se passe cette fois, et certains samples nous préviennent bien de la portée spirituelle et mentale du chemin qui se trace à nos oreilles. La narration est très claire, très marquée, elle est au cœur d’un EP qui s’écoute d’une traite comme un seul long morceau à plusieurs rebondissements.
Dès la couverture, une vibe plus organique transparaît : animaux, plantes, se mêlent aux instruments, quelque chose de biomécanique, membranes d’HP et symbales en trompettes de la mort. Il m’avait semblé pourtant aller plus loin que sur terre, avoir perçu des sonorités plus lointaines encore… Le voilà, vers la droite : un hublot donnant vers les étoiles, et la galaxie filtré par une enceinte… sur pattes de canard, ouais.
Comme d’habitude chez Sratchattic, on sent l’influence assez prégnante du reggae et du dub, dans certaines sonorités, certaines rythmiques. Par rapport au premier projet, on découvre ici également des sonorités plus électro encore que d’habitude, ainsi que des saveurs de musiques traditionnelles indiennes.
Six tracks. Six étapes. Six paliers toujours marqués par l’incongruité de certains sons. Comme une méditation guidée, on ouvre et on conclue par de profondes basses, des bruits et mélodies d’une inquiétante étrangeté. Et par moments, on nous propose des phrases comme des mantras.
Le scratch va faire de ces voix qui entrecoupent certains morceaux des signals radio d’explorations passées, dont on aurait perdu la source. Dès la deuxième track, Back to nature, on se sent comme si inspirations et idées nous revenaient sous forme de fleurs et de plantes en train d’éclore en nous : c’est un peu ce qu’on nous souffle en sample, aussi. Petit à petit, les chants sont ceux de tribus inconnues, on se sent décoler, l’EP est bien plus psychédélique que le précédent, bien plus planant selon moi. Sûrement grâce à la sitar, aux flutes et pianos aériens, et toujours, à ces autres sons bizarres dont on ne sait pas d’où ils viennent, ces sifflements, ces longs cris de baleine ou créatures inconnues, ces chants d’oiseau. On le sent bien aussi dans les rythmiques : tantôt la découverte, plus ou moins assurée, tantôt l’élévation (Strange World et Mind Exploration qui nous rappellent bien qu’on est dans aucune autre jungle que celle de notre esprit), et au bout la fuite plus effrénée et rapide, vers le réel, vers la fin de l’EP. Tantôt un jardin, parfois d’autres dimensions, reste à savoir si c’est notre esprit qui voyage ou nous qui voyageons dans notre esprit : chacun décidera.
Savante fusion que le trip-hop, très bien dosée par le duo lillois, chapeau, bravo… on se doutait que ce serait un voyage, qu’on planerait sûrement, mais c’est toute une aventure qui s’ouvre à nous. A vous de laisser votre imagination, votre corps et votre esprit parler.
P’tit conseil, à écouter dans de bonnes conditions, évitez le fond sonore, posez vous, mettez un casque et bonne écoute ! »
By Louise GM
Quelques mots sur Louise >>>>>
Louise s’efforce de soutenir et pratiquer la scène festive, culturelle et associative lilloise, depuis toujours ou presque. Décidée à essayer de professionnaliser ce qui lui semblait n’être qu’une passion, un passe-temps engagé, elle se lance dans le master « Métiers de la culture » de l’université de Lille, qu’elle valide en 2020. Egalement passionnée d’écriture et rappeuse du dimanche, avec une expérience en radio, n’hésitez pas à la contacter par mail pour tout projet ou désir de chronique !
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